Fabio Quartararo (Monster Energy Yamaha MotoGP) a tout juste quatre ans, quand son père Étienne – ancien Champion de France 125cc - lui offre une PW50 Yamaha : une pocketbike qu’il étrennera pour la toute première fois sur le parking d’un célèbre centre commercial situé à proximité de l’aéroport de Nice. Très vite son entourage lui découvre certaines prédispositions à la différence de son frère aîné, si bien qu’ils seront amenés à multiplier les séances de roulage sur plusieurs mini circuits de la région.
Le Niçois y apprend les rudiments du métier jusqu’au jour où Étienne décide de lui acheter une Conti, avec laquelle il débute véritablement les compétitions en Italie et en Espagne, sur les conseils avisés de quelques amis. Contraint par la suite de changer de monture, Fabio se montrera tout aussi brillant, comme en attestent ces titres 50, 70 et 80cc empochés en Championnat Catalan, auquel s’ajoute cette couronne de pré-Moto3™ inscrite en Championnat Méditerranéen, toujours coiffé de ce casque replica Roberto Locatelli sur lequel figurait un petit diable ; ce qui lui vaudra son surnom.
À cette époque, Étienne n’hésitait pas à enchaîner les allers-retours pour permettre à son fils de s’adonner à sa passion. Mais en 2011, la famille fait la connaissance d’Eduardo Martin, un entrepreneur espagnol qui souhaitait investir dans de jeunes talents, tout en assurant la promotion de sa boisson énergisante et ce dernier le prendra sous son aile dès la saison suivante, celle de son passage en FIM CEV Repsol Moto3™. Le Français, désormais installé près de Benidorm, s’y révèle d’entrée de jeu. Mieux encore : il sera en mesure de conserver son statut de n°1 en 2014, avec l’équipe Estrella Galicia 0,0, qui prend du coup parti de le promouvoir en mondial, après l’abrogation de cette limite d’âge normalement fixée à 16 ans, pour le vainqueur du Championnat du Monde Junior Moto3™.
Une arrivée précoce et prometteuse en Mondial
Emilio Alzamora ne sera absolument pas déçu de sa nouvelle recrue. Ces podiums enregistrés à Austin, lors de sa deuxième course, et à Assen en sont la parfaite illustration. Régulièrement classé parmi les dix premiers, Fabio Quartararo se laissera toutefois gagner par la pression, compte tenu de ces comparaisons incessantes avec Marc Márquez (Repsol Honda Team) en matière de précocité. Pour ne rien arranger, une blessure à la cheville droite – conséquence d’une chute à Misano – lui fait rater cinq épreuves ; d’où cette dixième place finale.
Des années plus sombres
Eduardo Martin pensait qu’il se relancerait chez Leopard Racing, sauf que l’équipe avait justement choisi cette année-là de délaisser ses Honda au profit de KTM et Fabio Quartararo, comme Joan Mir et Andrea Locatelli – puisqu’ils étaient naguère trois à porter ces couleurs – allait mettre un certain temps à en prendre la mesure. Il n’intègrera d’ailleurs le Top 10 qu’à six reprises en 18 rendez-vous, sans décrocher le moindre podium. Parallèlement sa relation avec son agent se dégrade considérablement.
Or, quelques mois plus tôt, ‘El Diablo’ avait rencontré Éric Mahé, à qui il va choisir de confier sa carrière. Lequel aura pour priorité de faire passer Fabio – déjà relativement grand pour son âge - en Moto2™, quitte à faire une croix sur un possible sacre en Moto3™. Ensemble, ils entreprennent ainsi de se tourner vers le team Pons HP40. Cela dit, les résultats resteront assez similaires à ceux de 2016. Devant lui-même rendre des comptes à ses sponsors, Sito Pons écarte alors le n°20 en faveur de deux nouveaux pilotes : Héctor Barberá et Lorenzo Baldassarri.
Le Niçois trouve pour sa part refuge auprès de Luca Boscoscuro ; un pari audacieux étant donné que la grille comptait seulement deux Speed Up. Et pourtant… après trois manches quelque peu discrètes, Fabio Quartararo réagit avec en point d’orgue ce hat-trick pole, meilleur tour et victoire signé à Montmeló. Son Grand Prix des Pays-Bas se solde dans la foulée par une deuxième place. Cette réussite arrive à vrai dire à point nommé : Petronas, qui avait pour projet de constituer une structure en MotoGP™ accompagné de Yamaha et du Sepang Racing Team, cherchait en effet des pilotes. Se laissant convaincre, Razlan Razali, Johan Stigefelt et Lin Jarvis officialisaient de fait le jeune prodige durant le GP de Grande-Bretagne 2018. C’est également à compter de cette année que Thomas Maubant, avec qui il s’était lié d’amitié en 2015, endosse son rôle d’assistant.
Son accession au MotoGP™
Mars 2019, Fabio Quartararo effectue ses grands débuts parmi l’élite et ne tardera pas à faire parler de lui. À Jerez, il devient même le plus jeune poleman en catégorie reine à très exactement 20 ans et 14 jours.
Des poles, le Niçois s’en adjugera cinq autres et se frottera plusieurs fois à Marc Márquez, sans pour autant le priver de la victoire. Ces sept podiums lui permettent malgré tout de terminer cinquième, meilleur pilote indépendant et Rookie of the Year !
En 2020, on s’attendait à le voir survoler le Championnat, surtout que son adversaire s’était blessé et qu’il avait remporté les deux premières épreuves. La dernière fois qu’un Français s’était illustré à ce niveau, c’était en 1999 avec Régis Laconi.
Néanmoins, sa saison ne prenait pas la tournure espérée… Vainqueur à Montmeló, le représentant du team Petronas Yamaha SRT n’allait ensuite plus regoûter au Top 3, multiplier les faux-pas en raison d’une frustration liée à son package et perdre définitivement le leadership. À Valence, la messe était dite : Joan Mir (Team Suzuki Ecstar) était titré et le n°20 devait se contenter d’une huitième position au classement général.
Cependant, Fabio Quartararo rebondissait avec manière, une fois promu au sein du team officiel Yamaha, en lieu et place de son idole d’antan Valentino Rossi (Petronas Yamaha SRT). Auteur de 10 podiums dont cinq succès, ‘El Diablo’ repartait avec la couronne à Misano, après que Francesco Bagnaia (Ducati Lenovo Team) se soit fait piéger en tête. Jamais un tricolore n’avait connu un tel honneur en catégorie reine depuis la création du Championnat en 1949 !
Biographie :
Date de naissance : 20 avril 1999
Lieu de naissance : Nice, France
Premier Grand Prix : Losail 2015, Moto3™
Première pole position : Jerez 2015, Moto3™
Premier podium : Austin 2015, Moto3™
Première victoire : Montmeló 2018, Moto2™
Grands Prix : 116 (49 en MotoGP™)
Victoires : 9 (8 en MotoGP™)
Podiums : 24 (20 en MotoGP™)
Pole positions : 18 (15 en MotoGP™)
Meilleurs tours : 10 (9 en MotoGP™)
Titres de Champion du Monde : MotoGP™ (2021)
Carrière en Championnat du Monde :
2015 : Championnat du Monde Moto3™ - 10e position sur Honda, 13 course, 92 points
2016 : Championnat du Monde Moto3™ - 13e position sur KTM, 18 courses, 83 points
2017 : Championnat du Monde Moto2™ - 13e position sur Kalex, 18 courses, 64 points
2018 : Championnat du Monde Moto2™ - 10e position sur Speed Up, 18 courses, 138 points
2019 : Championnat du Monde MotoGP™ - 5e position sur Yamaha, 19 courses, 192 points
2020 : Championnat du Monde MotoGP™ - 8e position sur Yamaha, 14 courses, 127 points
2021 : Championnat du Monde MotoGP™ - Champion du Monde sur Yamaha, 16 courses, 267 points
DORNA