Un vent nouveau souffle sur la catégorie motos avec les ambitions affirmées de la marque indienne Hero portée par son champion du monde Ross Branch et l’entrée en scène du prometteur pilote espagnol Edgard Canet, seulement 19 ans mais déjà recruté dans l’équipe de pointe de KTM.
ROSS BRANCH ET L’AVÈNEMENT DU « HERO » ?
Il s’agit de réparer une anomalie. Le vainqueur de la saison de W2RC 2024 a par définition été le plus régulier, mais Ross Branch, 2e du dernier Dakar, n’a remporté aucune course de l’année. Et son CV plutôt bien fourni en accessits ne comporte qu’une seule victoire, sur le rallye du Kazakhstan disputé en 2021. Cette année, le Botswanais se présente avec le numéro 1 correspondant à son statut de champion du monde et espère bien occuper ce rang au terme des 12 étapes à Shubaytah : « C’est un nouveau départ, tout le monde repart de zéro. Beaucoup de gens pensent que c’est une pression supplémentaire de porter le numéro 1, mais pour moi c’est un honneur. En tout cas, il est certain que nous voulons tous gagner, mais je ne viens pas pour finir deuxième ». Pour tenter de devenir la septième marque de motos victorieuse sur le Dakar, Hero s’est aussi attaché les services du Chilien « Nacho » Cornejo, qui dispute son 10e Dakar à seulement 30 ans et devient le deuxième leader de l’écurie indienne. « Après tant d’années, cela ne fait pas de mal de changer d’équipe, cela donne une motivation supplémentaire, explique le transfuge de chez Honda après six saisons en rouge. Nous sommes trois pilotes rapides (en comptant Sebastian Buhler), l’équipe est solide, j’espère que le Dakar va bien se passer pour nous trois. »
DANIEL SANDERS : « JE SUIS LÀ POUR AIDER KTM À REPRENDRE LE TROPHÉE »
Peut-il devenir cette année le deuxième Australien de l’histoire à remporter le Dakar ? À cette question, Daniel Sanders répond par une pirouette : « Ça sera ma cinquième participation et je n’ai encore jamais terminé sur le podium. On verra… Cette course s’annonce compliquée, avec une première semaine très difficile. Il faudra démarrer fort et ne pas faire d’erreurs. » Bien évidemment, “Chucky” rêve de succéder à Toby Price, vainqueur en 2016 et 2018. Et autant le dire, l’Australien peut y croire. Et pas seulement parce qu’il porte désormais les couleurs KTM qui étaient celles de son compatriote désormais rangé des bécanes et passé à la catégorie autos. Vainqueur en octobre du Rallye du Maroc, Daniel Sanders arrive en Arabie saoudite en pleine forme. « L’an dernier, j’avais attaqué le rallye avec les séquelles d’une jambe cassée, sans trop d’espoir de briller, rappelle-t-il. Tout ça est oublié, je suis désormais prêt physiquement, et notre nouvelle moto me plait beaucoup. Elle est plus performante aussi bien dans le sable que dans les cailloux. » Désormais pilote de l’équipe officielle KTM où il succède à Toby Price, “Chuky” est prêt à assumer ses responsabilités. « Être en orange, c’est représenter la maison mère, glisse celui qui courrait l’an dernier pour GasGas, autre marque du groupe Pierer Mobility. Je suis là pour performer et aider KTM à reprendre le trophée. » Pour aller chercher le 20e succès sur le Dakar de la marque autrichienne, le directeur sportif Jordi Viladoms tient aussi dans son effectif les deux frères Benavides, avec une incertitude sur l’état de forme de Kevin, lourdement blessé en cours de saison. Il se tourne également vers l’avenir en lançant Edgar Canet. Le jeune Catalan qui a fini le Rallye du Maroc en 7e position est à 19 ans le plus jeune pilote du plateau.
ORIGINAL BY MOTUL : MOINS DE PNEUS, PLUS DE PRESSION
Chez les motards de la catégorie Original by Motul qui font délibérément le choix de s’engager pour une traversée des déserts saoudiens en solitaire, le mât du Start Camp de Bisha indique un avis de grand frais ! Le règlement 2025 instaure de nouvelles conditions d’usage des roues de rechange, qui limite leur voilure et réintègre au classement les vieux loups de mer de la catégorie. Benjamin Melot, l’un d’entre eux, cantonné l’an dernier au rôle de parrain de la catégorie non classé en raison de ses performances passées, compte 5 Dakar en qualité de mécanicien moto et 7 en Original by Motul, juge ces évolutions bienvenues : « J’ai fait 2e (2020), deux fois 3e (2021-22), et l’an dernier je ne pouvais plus courir après mon objectif qui est de m’imposer au moins une fois. Le nouveau règlement me permet de réapparaître au classement de la catégorie et pimente le challenge. Les motos d’aujourd’hui sont devenues tellement fiables que l’on a de moins en moins d’entretien à faire. La limitation à 6 trains de pneus ne va pas être si galère que cela, j’en utilisais 8 en général. Le vrai changement sera de les installer nous-mêmes, mais surtout d’être limité à un jeu de jantes de rechange. Une pénalité de 10’ sera appliquée par jante de secours utilisée, en cas de casse d’une roue avant par exemple, celle qui est le plus souvent touchée. Cela va nous forcer à plus de gestion : en piste pour ne pas mettre les jantes au carré, et le soir pour choisir quand remonter un pneu déjà utilisé par exemple pour en économiser pour la suite. » Le titre des OBM est bel et bien dans le viseur pour le Jurassien, qui devra comme il y a quelques années batailler avec Emanuel Gyenes, Javi Vega ou Jérôme Martiny parmi les autres favoris.
LA CHINE EN PLEINE CROISSANCE
Apparu sur le Dakar 2023, le constructeur chinois Kove avait créé la surprise en emmenant jusqu’à la ligne d’arrivée les trois exemplaires de ses motos confiées à des pilotes nationaux. Pour leur deuxième apparition l’an passé, Mason Klein avait marqué les esprits en jouant aux avant-postes des premières étapes au guidon de la nouvelle génération de la Kove, avant de jeter l’éponge à l’étape 6. Cette année, 11 Kove sont au départ, faisant du constructeur chinois la 2e marque la plus représentée du plateau moto, à égalité avec Honda ! Une progression aussi rapide que la vitesse qu’espère atteindre Mason Klein, fer de lance de l’équipe officielle Kove Factory Racing aux côtés de Neels Theric : « Pour moi la moto est différente, déjà parce que j’ai des suspensions différentes de l’an dernier. Le châssis et le moteur ont aussi évolué, la moto est plus maniable, plus stable dans les grandes vallées, ce qui est super important pour moi en termes de confiance. Je suis sur la moto depuis plusieurs mois, j’ai passé des heures et des heures dessus. Cette expérience va beaucoup m’aider ». Un team satellite emmené par Sunier Sunier et des amateurs complète la liste des engagés en Kove. Dans la poussière du pionnier chinois, un nouveau venu, Hoto, prend la piste du Dakar avec 3 motos, portant le total du contingent « made in China » à 14, soit 10 % du total ! Hoto, la traduction phonétique de « camel » en chinois, s’engage avec des machines au châssis maison, et pour ce premier test avec un moteur KTM. Deux pilotes transfuges de chez Kove, Xavier Flick et Fang Xiangliang, ainsi qu’Arunas Gelaznikas (vainqueur 2021-22 en Original by Motul) forment l’équipe Hoto Factory Racing. Le meilleur résultat d’une moto chinoise sur le Dakar remonte à la 46e place au général de Sunier Sunier en 2022. Record à battre à Shubaytah.