Il semble bien loin, le temps où les talents nécessaires pour s’imposer sur le Dakar étaient réunis dans les mains d’une poignée de pilotes, tous engagés sur des KTM , la marque qui a imposé une domination sur le palmarès durant 18 éditions consécutives. Il reste pourtant des valeurs sûres, à commencer par la capacité de Sam Sunderland à assumer le poids de la course sur la durée. Le Britannique s’y est employé avec sang-froid et malgré l’adversité en janvier dernier, pour remporter son deuxième titre sur l’épreuve, et a ensuite contrôlé ses rivaux toute la saison du W2RC pour être récompensé d’un titre qu’il avait déjà conquis en 2019. La solidité de « Sunder Sam » est mise au service de la structure Red Bull GasGas Factory Racing aux côtés de Daniel Sanders, dont le potentiel de champion a été affiché mais qui se présente diminué et à court de compétition depuis sa blessure au coude sur le Dakar. Dans la maison cousine Red Bull KTM Factory Racing, les arguments ne manquent pas pour apporter la contradiction avec ses trois anciens vainqueurs. Parmi eux, Kevin Benavides a connu la saison la plus complète, conclue sur une bonne note avec la 2e place en Andalousie, pendant que Matthias Walkner se débattait avec une épaule blessée et que Toby Price a expérimenté des abandons dans une auto sur la Baja 1000 et sur sa KTM au Rallye du Maroc.
La galaxie KTM dispose d’autres atouts pour s’imposer du côté de chez Husqvarna Factory Racing avec le vainqueur du Rallye du Maroc Skyler Howes et son premier poursuivant d’alors, Luciano Benavides, qui a terminé le W2RC au pied du podium (4e). Il faudra aussi regarder du côté du BAS World KTM Racing Team, la formation de développement qui entend bien orchestrer la montée en puissance de la révélation de 2022, Mason Klein (9e à seulement 20 ans) et qui a achevé son année avec le titre de champion de Rally2.
La recomposition du paysage a été en partie dictée cette année par le retrait de Yamaha en tant que structure officielle, avec comme conséquence directe le recrutement d’Adrien Van Beveren par le Monster Energy Honda Team, qui enrichit son effectif d’une chance de victoire supplémentaire. Car après avoir obtenu en bleu la 4e place du Dakar 2022, les débuts du Français en rouge ont été flamboyants, avec la 4e place du Rallye du Maroc et la victoire sur l’Andalucia Rally comme dernière apparition. Toutefois, la marque japonaise ne table pas sur la stratégie du leader unique, sachant que le vainqueur 2020 Ricky Brabec a terminé 2e du W2RC et que ses deux pilotes chiliens, Pablo Quintanilla (2e en 2022) et « Nacho » Cornejo (6e en 2022) ont l’un comme l’autre la carrure pour soulever le trophée en jeu à Dammam. L’abondance de biens est telle dans le clan Honda que l’équipe officielle s’est séparée de l’homme aux 29 victoires d’étapes et 5e de la dernière édition. Mais Joan Barreda, engagé en cavalier plus ou moins solitaire sur une Honda « satellite », n’a certainement rien perdu de ses ambitions et de son style pour son 13e Dakar.
Au-delà du large duel KTM-Honda, les prétendants existent aussi chez des constructeurs habitués à briller de manière plus ponctuelle. Ce constat n’empêchera pas Hero Motosports Team Rally de viser les sommets avec Franco Caimi ou Joaquim Rodrigues, qui a apporté sa première victoire d’étape à la marque indienne en 2022. Le même esprit de conquête animera à coup sûr les pilotes de Sherco Factory, en particulier Lorenzo Santolino, 4e de sa dernière sortie en compétition sur l’Andalucia Rally.
La catégorie Rally2 a donné l’occasion d’assister tout au long de la saison à un récital de Mason Klein, et sera certainement encore plus ouverte avec le passage « chez les grands » du gamin de 21 ans, tandis que l’un des sérieux prétendants, Konrad Dabrowski, a été privé de Dakar par une opération de l’appendicite. Dès lors, le Sud-Africain Bradley Cox fait figure de favori, mais pourra compter sur la concurrence de Romain Dumontier et de Camille Chapelière. Les nouveaux venus auront aussi leur mot à dire, à commencer par l’ancien champion du monde d’enduro Alex Salvini ou encore le très prometteur Tomas De Gavardo.
Original by Motul : courageux parmi les courageux
Ils en parlent comme de l’expérience ultime. Faire le choix de s’engager sur le Dakar sans assistance implique de s’exposer aux nuits sans sommeil, au cercle vicieux de la fatigue. Mais terminer le rallye dans ces conditions, c’est aussi l’assurance d’en repartir avec un sentiment de fierté inégalable et d’achever une expérience de partage avec tous les Original by Motul. Cette année, un nouveau point de règlement écarte du classement des Original by Motul les anciens pilotes professionnels, ou ayant déjà atteint le podium dans la catégorie. Pour autant, l’Espagnol Joan Pedrero, deux fois 5e sur le Dakar (2011, 2013) et ancien compagnon de route des campagnes victorieuses de Marc Coma, a tenu à vivre le rallye livré à lui-même, pour sa 15e participation. C’est donc dans un rôle d’ambassadeur, comme les habitués de la catégorie Benjamin Melot et Emanuel Gyenes, qu’il évoluera dans le carré des Original by Motul, l’atelier à ciel ouvert où chacun dresse le bilan des pépins de la spéciale et se lance dans une session plus ou moins longue de mécanique. Pour la première fois, cinq pilotes américains réunis sous le nom « American Rally Originals », joueront collectif pour tenter de rallier ensemble l’arrivée, tandis qu’une nouvelle pilote féminine, Kristen Landman (55e en 2020), fera la découverte des joies et des souffrances des Original by Motul.
ASO